Opinion du Dr Goubella Ahmed, Trésorier du MoDeS-Cartel, parue dans le Journal du Médecin.
La prise en charge médicale des personnes précarisées représente l'un des fondements de notre système des soins. L'accès universel aux meilleurs soins accessibles ne semble néanmoins plus constituer un domaine inviolable.
La presse s'est en effet récemment fait l'écho d'une volonté d'un membre de l'exécutif de réformer l'aide médicale urgente pour des raisons d'abus supposément répétés. Un rapport de la Caami (Caisse auxilliaire d'assurance maladie invalidité, NDLR) pointe en effet du doigt l'usage de ces fonds pour des raisons indues présentées dans la presse comme des " soins de confort ". Le message manifeste lancé à la population est sans nuances : la présence des migrants en Belgique pèserait sur le budget des soins de santé pour des soins superflus ou inutiles ; mais nous pouvons néanmoins compter sur un gouvernement " responsable " qui règlera la situation en contrôlant mieux la prescription et l'application des soins aux sans-papiers.
Responsable ou opportuniste ? La lecture approfondie de ce rapport montre que les cas supposés indûment pris en charge par l'AMU ne représentent qu'une part marginale du budget (2,7% des cas soit 12 au total), pour des cas trop rapidement considérés (ou à tort ?) comme des soins de confort (lombalgies, arthroscopie du genou, circoncision, réduction mammaire).