Ce passage obligé est suivi (bien avant l'autonomie finale) par une zone "grise" où la responsabilité médicale offerte par le diplôme se mélange à la nécessité de formation tant théorique que pratique, suivant l'orientation de carrière choisie. Durant cette période d'assistanat, la subordination à un maître de stage, son équipe ou son institution est la règle; la formation entre les pairs restant un aspect fondamental de notre médecine.

Non-respect du temps de travail

Ce moment dans la vie du médecin est propice à un apprentissage hors-norme qui forge pour beaucoup, la mentalité des praticiens. La dépendance à un service de stage permet néanmoins certains abus, notamment en ce qui concerne la durée du temps passé sur le lieu de l'activité. L'appareil législatif est passé par là depuis longtemps déjà et la loi fixant la durée de travail des Macs (Médecins assistants candidats spécialistes), entrée en vigueur le 01 février 2011 stipule que " la période hebdomadaire du travail ne peut dépasser 48 heures en moyenne sur une période de référence de 13 semaines et ne peut dépasser la limite absolue de 60 heures par semaine ". Malgré cela, une étude du CiMACS (Comité interuniversitaire des MACS) montre que de nos jours encore, 56% des assistants interrogés prestent plus de 60 heures par semaine et près de 15% effectuent plus de 72 heures hebdomadaires.

Après moi le déluge

Un "opting-out", qui est un contrat de travail annexe, peut néanmoins être signé accessoirement et de façon volontaire pour majorer la période de travail hebdomadaire à 60 heures en moyenne sur une période de référence de 13 semaines avec la limite absolue remontée à 72 heures. Cette disposition qui se voulait initialement une réponse adaptée à certaines formations dont la pratique hebdomadaire est variable ne doit en aucun cas être obligatoire. Or, plusieurs témoignages nous sont relayés selon lesquels des pressions importantes sont exercées par certains maîtres de stage et institutions sur les assistants afin que cet opting-out soit signé.

 

Ces méthodes sont intolérables et doivent être combattues avec force. Il est pourtant étonnant dans ce contexte de voir le peu de réactions en faveur des Macs que suscite ce débat au sein de la communauté médicale, dans la mesure où les nouveaux "bourreaux" amnésiques ont été "victimes" du système par le passé. Bien au contraire, de révoltants poncifs sont souvent entendus entre deux couloirs, blâmant le soi-disant peu de force de caractère des assistants d'aujourd'hui et osant des comparaisons hasardeuses entre le prétendu " confort " de travail actuel et les " dures " conditions de travail passées. Ces mêmes clichés entendus bien avant 2011, lors des débats sur la mise en application de la loi sur le temps de travail des Macs.

A tous ceux-là, il convient de s'adresser. Pour leur dire que le bien-être au travail des soignants est un élément essentiel à la qualité des soins prodigués. Que l'évolution tend vers une amélioration des conditions de travail, même si les situations sont loin d'être parfaites et qu'en agissant à contre-courant, ils retardent l'inévitable. Que les lois existent, et qu'il existe des moyens de les faire respecter.