Même si la fumée blanche se fait toujours attendre au niveau fédéral à déjà plus de cinq mois des élections qui ont vu les citoyens choisir leurs représentants, les accords de coalition sont entérinés au sein des entités fédérées. Et même en l'absence d'un exécutif fédéral de plein exercice, la pression se fait déjà sentir en ce qui concerne le dossier délicat du numerus clausus et des numéros Inami.
En effet, l'accord de gouvernement flamand exige clairement " une répartition correcte des numéros Inami entre les communautés " ainsi que " le remboursement de l'excédent accumulé par la Communauté française " ces dernières années. A cette affirmation s'ajoute la volonté de mise en place, pour la Flandre, d'une commission de planification qui lui est propre, qui se baserait sur une estimation des besoins réels de la population. Certains y voient déjà la préfiguration de revendications ultérieures de scission de la sécurité sociale.
Ces affirmations, qui pourraient passer pour anecdotiques, méritent néanmoins que l'on s'y attarde à plusieurs égards. Considérer et définir une répartition correcte ne sera pas une mince affaire dans un contexte communautaire tendu : la ministre de la Santé sortante n'avait déjà pas jugé bon de suivre les recommandations de la commission de planification fédérale mandatée lors de la mandature écoulée. Gageons que le prochain exécutif saura prendre en compte les avis éclairés de cette dernière.
Par ailleurs, persister sur l'idée d'un " remboursement d'excédent " dénote de l'idéologie pure. La réalité de terrain est toute autre. Dans un contexte de zones rurales dépeuplées en médecine générale, de certaines spécialités en pénurie et de recours de plus en plus fréquent à des confrères européens, continuer de brandir ce slogan est un non-sens réflexif.
C'est justement face à ces constats qu'estimer les besoins réels de la population rapportés à un cadastre juste de l'offre et baser la planification dessus a bien plus de sens que ce qui a été fait jusqu'à maintenant. Doit-on s'en tenir pour autant à une régionalisation de l'évaluation des besoins de la population dans la mesure où une grande partie des soins prodigués à Bruxelles l'est pour des patients qui ne sont pas bruxellois ?
La scission de la sécurité sociale est-elle en ligne de mire de ces revendications ? Difficile à dire, dans la mesure où cet accord ne fait qu'entériner une grande partie de ce qui constitue en soi une pierre d'achoppement communautaire depuis de nombreuses années. Les velléités d'estimation des besoins réels de la population sont une revendication qui peut être intéressante pour une meilleure planification si elle est généralisée à l'ensemble de la population belge en étudiant les bassins de soins et si l'on évite le piège communautaire.